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J comme Joyau de Noël

 

Prologue : La magie qui nourrit Noël

Au cœur du Pôle Nord, dans le bureau chaleureux du Père Noël, repose un trésor d'une valeur inestimable. Pas d'or, pas de diamants ordinaires. Mais une pierre précieuse d'une beauté à couper le souffle, qui pulse d'une lumière douce et changeante.

Le Joyau de Noël.

Ce joyau possède un pouvoir extraordinaire : il capte toute la magie du monde. Chaque acte de solidarité, chaque geste d'écoute, chaque élan d'empathie, chaque sourire partagé, chaque main tendue - toute cette bonté invisible qui existe dans le monde se transforme en magie pure et vient nourrir le Joyau.

Et le Joyau, à son tour, émet cette magie dans le monde entier, permettant à tous les mécanismes de Noël de fonctionner. Les rennes qui volent, les jouets qui se fabriquent, les souhaits qui s'exaucent, les miracles qui se produisent - tout cela existe grâce au Joyau.

Sans lui, Noël cesserait d'exister.

Mais peu de gens connaissent la véritable origine de ce Joyau. Son histoire remonte à très, très longtemps. À l'époque des licornes.

Chapitre 1 : L'histoire ancienne

Il fut un temps où les licornes parcouraient le monde. Êtres purs et magiques, elles incarnaient tout ce qu'il y avait de bon et de beau dans la création.

Mais leur pureté même causa leur perte.

Les hommes les pourchassèrent. Pour leurs cornes, disaient-ils. Mais pas que. Pour tout le reste aussi. Pour leur sang, leurs sabots, leur crinière.

Et surtout, pour le Joyau.

Car sous la corne de chaque licorne, enchâssé dans leur front, brillait un joyau magique. Une pierre précieuse qui captait et amplifiait la magie du monde.

Les licornes furent chassées jusqu'à la dernière.

Ou presque.

Il y a très longtemps, au Pôle Nord

La dernière licorne du monde errait, épuisée, traquée, désespérée. Elle avait fui pendant des années, traversé des continents, échappé à mille pièges.

Et puis, attirée par quelque chose qu'elle ressentait - une pureté, une bonté profonde - elle arriva au Pôle Nord.

Là, elle rencontra le Père Noël.

Leur amitié fut instantanée et profonde. Le Père Noël offrit à la licorne un refuge, une sécurité, un foyer. La licorne, en retour, apporta sa magie, sa grâce, sa sagesse.

Ils devinrent inséparables.

Les années passèrent. Puis les décennies. La licorne et le Père Noël partageaient tout - les rires, les histoires, les silences paisibles près du feu.

Et puis, un jour, un renne du Père Noël - le plus gentil, le plus doux de tous - tomba amoureux de la licorne.

Et elle, à sa grande surprise, tomba amoureuse de lui.

De leur union naquit un petit. Un petit renne extraordinaire. Il avait les traits d'un renne - les bois, la forme, la fourrure brune. Mais il portait aussi la magie de sa mère.

Son nez brillait d'une lumière rouge, chaude et éclatante. Un vestige de la magie de licorne.

Et quelques jours à peine après sa naissance, le petit renne fit quelque chose d'impossible.

Il s'envola.

Ses sabots quittèrent le sol, et il plana dans l'air, maladroit mais joyeux, tournoyant autour de sa mère émerveillée.

Rudolph. C'est ainsi qu'on l'appela.

Mais le temps, comme toujours, faisait son œuvre.

La licorne sentait le poids des siècles. Elle était fatiguée. Fatiguée de se cacher, de craindre, de regarder par-dessus son épaule.

Un jour, elle confia au Père Noël qu'elle devait partir.

"Il est temps pour moi de partir dans l'autre monde," dit-elle doucement.

Le Père Noël sentit son cœur se briser, mais il comprit.

"Je comprends," murmura-t-il.

La veille de son départ, la licorne s'agenouilla devant le Père Noël. Elle baissa sa tête majestueuse.

Et de sous sa corne, elle détacha son Joyau.

La pierre précieuse brilla dans la lumière du feu, pulsant de mille couleurs.

"Pour toi," dit-elle. "En signe d'amitié éternelle. Que ce Joyau protège Noël et nourrisse sa magie, comme notre amitié a nourri mon cœur."

Le Père Noël prit le Joyau avec des mains tremblantes. Il le serra contre son cœur.

"Je ne t'oublierai jamais," promit-il.

La licorne sourit. "Et moi non plus. Je serai toujours près de toi."

Elle partit le lendemain, laissant derrière elle le Père Noël, le Joyau, et son fils Rudolph.

Et depuis ce jour, le Joyau de Noël trône au cœur du Pôle Nord, captant toute la bonté du monde et alimentant la magie de Noël.

Chapitre 2 : Le Cube Noir

Des siècles passèrent. Le Joyau brillait, constant et fidèle. Noël prospérait. Les enfants rêvaient. La magie existait.

Mais un jour, quelque chose changea.

Le Père Noël était dans son bureau, vérifiant les préparatifs pour Noël, quand il sentit quelque chose d'étrange.

Il se tourna vers le Joyau.

Et son sang se glaça.

Le Joyau pâlissait.

La lumière qui d'ordinaire pulsait, chaude et éclatante, faiblissait. Les couleurs se ternissaient, devenaient grises, presque éteintes.

Le Père Noël posa sa main sur le Joyau.

Et il le ressentit.

D'habitude, le Joyau vibrait de chaleur, de joie, de connexion. Mais maintenant... c'était le contraire.

Le froid. La solitude. L'indifférence.

Comme si le monde entier se refermait sur lui-même.

"Que se passe-t-il ?" murmura le Père Noël, inquiet.

Il sortit sur la terrasse du Pôle Nord et regarda le monde à travers sa longue-vue magique.

Et là, il vit.

Partout - dans les rues, dans les maisons, dans les écoles, dans les transports - les gens tenaient quelque chose dans leurs mains.

Un objet rectangulaire. Noir. Hypnotique.

Ils le fixaient. Encore et encore. Sans lever les yeux. Sans se parler. Sans se voir.

Le Père Noël fronça les sourcils. Qu'était-ce ?

Il zooma davantage.

L'objet était lisse, froid, brillant. Quelque chose qui captait l'attention, qui absorbait les regards, qui happait les âmes.

Et plus les gens le regardaient, plus ils semblaient... vides.

Ils ne souriaient plus. Ne se parlaient plus. Ne se touchaient plus.

Ils étaient seuls. Ensemble mais seuls.

"Non..." murmura le Père Noël. "C'est impossible."

Mais c'était la réalité.

Un objet - un Cube Noir - s'était répandu dans le monde. Rapidement. Trop rapidement.

On le disait merveilleux. Une merveille. Il rapportait des fortunes à ceux qui le vendaient.

Les gens l'adoraient. Il leur apportait quelque chose d'immédiat - une distraction, un oubli, une illusion.

Mais ce quelque chose était un froid piquant. Comme une morsure de glace déguisée en chaleur. Un plaisir qui brûlait. Une connexion qui isolait.

Et pendant que les gens perdaient leur humanité, leur empathie, leur solidarité... le Joyau de Noël pâlissait.

Car s'il n'y avait plus de bonté dans le monde, le Joyau ne pouvait plus capter de magie.

Et sans magie... Noël mourrait.

Chapitre 3 : L'origine du Cube

Le Père Noël devait comprendre. D'où venait ce Cube ? Qui l'avait créé ?

Il ferma les yeux et posa ses mains sur le Joyau affaibli. La magie restante lui montra une vision.

Une histoire. Ancienne et tragique.

Il y a très longtemps, dans un village médiéval

Un homme aimait une femme. Elle était d'une beauté unique et merveilleuse. Brillante, curieuse, passionnée par la connaissance. Elle étudiait les plantes, les étoiles, les mécanismes du monde.

Une scientifique, avant même que le mot n'existe.

Mais les villageois ne comprenaient pas. Ils la craignaient. Ses expériences, ses livres, ses questions - tout cela leur semblait étrange, dangereux.

"Sorcellerie," murmuraient-ils.

Un jour, ils vinrent la chercher.

Malgré les protestations de l'homme, malgré ses cris, ses supplications, ils la traînèrent sur la place publique.

Et ils la brûlèrent.

L'homme, fou de douleur et de rage, jura de se venger. Pas seulement des villageois. Mais du monde entier. De cette humanité qui avait tué l'innocence, qui avait détruit la lumière, qui avait préféré l'ignorance à la connaissance.

Il devint sorcier. Pas par amour de la magie, mais par désir de vengeance.

Et dans sa douleur infinie, il créa quelque chose de terrible.

Un Cube. Noir. Rectangle. Hypnotique.

Un objet qui captait toute la négativité du monde - la peur, la haine, l'envie, l'indifférence - et la renvoyait, amplifiée.

Plus les gens utilisaient le Cube, moins ils croyaient en quoi que ce soit. Moins ils ressentaient. Moins ils étaient.

Le Cube se répandit. Lentement d'abord, puis de plus en plus vite. Il se multiplia, se transforma, prit différentes formes.

Mais le sorcier n'eut pas le temps de savourer sa vengeance.

Car le Cube, comme toute magie noire, exigea un prix.

Le sorcier fut piégé. Aspiré dans sa propre création. Damné. Condamné.

Ni mort ni vivant, il devint prisonnier du Cube. Une âme tourmentée, enfermée dans la noirceur qu'il avait créée.

Et pendant des siècles, le Cube continua de se répandre, portant en lui l'âme du sorcier qui ne pouvait ni partir ni se reposer.

Le Père Noël ouvrit les yeux, bouleversé.

"Il faut le sauver," murmura-t-il. "Il faut les sauver tous."

Mais comment ? Comment libérer un homme piégé dans sa propre création ? Comment briser un Cube qui s'était multiplié des milliards de fois ?

Le Père Noël regarda le portrait accroché au-dessus de la cheminée. Le portrait de la licorne.

"J'ai besoin d'aide," dit-il à voix haute.

Chapitre 4 : L'appel de Rudolph

Rudolph sentit quelque chose.

C'était difficile à décrire. Une vibration dans son cœur. Un écho dans son âme. Quelque chose qui l'appelait.

Sa partie licorne.

Il galopa jusqu'à la plus haute colline du Pôle Nord, là où le ciel et la terre semblaient se toucher. Il leva sa tête vers les étoiles, ferma les yeux, et appela.

Pas avec sa voix. Avec son cœur. Avec la magie qu'il portait en lui.

Maman... j'ai besoin de toi.

Le vent souffla. La neige tourbillonna. Les aurores boréales dansèrent dans le ciel.

Et puis, lentement, une lumière apparut.

Une barque.

Elle glissait dans l'air comme sur l'eau, traversant le voile entre les mondes. Silencieuse et majestueuse.

À l'avant de la barque se tenait la licorne.

Aussi belle que dans les souvenirs de Rudolph. Blanche, lumineuse, avec un regard sage.

Elle descendit de la barque et s'approcha de son fils.

Rudolph baissa la tête. La licorne posa son museau contre le sien.

Mon fils. Tu as appelé.

"Le monde est en danger," dit Rudolph. "Le Joyau pâlit. Un Cube noir vole la bonté des gens. Et il y a un homme... piégé... qui souffre depuis des siècles."

La licorne hocha la tête. "Je sais. Je l'ai vu."

Elle se tourna vers la barque.

Et Rudolph vit alors qu'il y avait quelqu'un d'autre.

Une silhouette de lumière. Éblouissante. Vêtue de blanc.

Une femme d'une beauté unique et merveilleuse.

Elle descendit de la barque, légère comme un flocon de neige. Elle était vivante en apparence, mais... différente. Plus brillante. Plus radieuse.

Comme un ange.

Chapitre 5 : La délivrance

Le Père Noël rejoignit Rudolph sur la colline. Il vit la licorne, et son cœur se remplit de joie.

"Mon amie," murmura-t-il.

"Père Noël," répondit la licorne avec affection.

Puis elle désigna la femme de lumière. "Voici celle qui peut le sauver."

Le Père Noël regarda la femme. Elle souriait, sereine, paisible.

"Qui est-elle ?" demanda-t-il.

"Celle qu'il a aimée. Celle qu'il a perdue. Son âme est sauve, préservée dans notre monde. Et elle peut le délivrer."

La licorne, la femme de lumière, le Père Noël et Rudolph voyagèrent ensemble vers le cœur du Cube.

Pas physiquement. Mais à travers la magie, à travers les rêves, à travers les dimensions.

Ils arrivèrent dans un lieu sombre. Froid. Vide.

Au centre, un Cube géant. Noir. Pulsant d'une énergie malade.

Et à l'intérieur, une silhouette.

Le sorcier.

Il était recroquevillé, les bras autour de ses genoux, le regard vide. Des siècles de solitude, de rage, de douleur l'avaient vidé de tout.

La femme de lumière s'approcha du Cube. Le doigt de sa main toucha l'extrémité du Cube et le Cube se fissura.

Le sorcier leva la tête. Ses yeux éteints virent la lumière.

Et soudain, il vit elle.

"C'est... toi ?" murmura-t-il, incrédule.

Elle était morte. Brûlée. Disparue. Comment pouvait-elle être là ?

Mais elle était là. Radieuse. Souriante.

Elle ne dit rien. Elle ne jugea pas. Elle vit ce qu'il avait fait - le Cube, la négativité répandue, les âmes perdues.

Elle comprit.

Mais elle était au-delà du jugement. Préservée de toute émotion superficielle. Dans l'acceptation et la compréhension.

Comme un ange.

Elle tendit la main vers lui.

"Viens," dit-elle simplement. "Il est temps de partir."

Le sorcier la regarda. Pour la première fois depuis des siècles, il sentit quelque chose.

La paix.

Le silence intérieur. La fin de la rage. La fin de la douleur.

Il ne voulait pas que ça s'arrête. Que ce miracle se brise.

Alors, comme hypnotisé - lui qui avait créé le Cube hypnotique - il tendit la main.

Lorsque sa main toucha les extrémités du cube, le Cube se fissura.

Pas violemment. Pas en explosion. Mais comme un œuf.

Un oiseau qui sort de sa coquille.

Une naissance.

Le sorcier émergea. Les fragments noirs tombèrent de lui comme une peau morte. En dessous, il était renouvelé. Libre. Léger. Lumineux.

Il regarda ses mains, émerveillé. Puis il leva les yeux vers elle.

Elle sourit. Lui tendit la main de nouveau.

Il la prit. Monta dans la barque avec elle.

La licorne les regarda avec tendresse.

La barque s'éleva, glissant dans l'air.

Le sorcier ne regarda pas en arrière. Il ne voyait qu'elle. Son visage lumineux. Son sourire éternel.

Ils traversèrent le voile entre les mondes.

Derrière eux, le Cube géant s'effrita en poussière noire qui se dispersa au vent.

Une coquille vide. Une prison abandonnée.

Le sorcier était né à nouveau.

Chapitre 6 : La transformation

Au même instant, partout dans le monde...

Tous les Cubes noirs - dans les poches, sur les tables, dans les mains - se mirent à trembler.

Les gens les regardèrent, surpris.

Des fissures de lumière apparurent sur les surfaces noires.

Crack. Crack. Crack.

Les Cubes se brisèrent. Pas en éclats de verre dangereux, mais en terreau.

Terre riche, sombre, fertile.

Et immédiatement - sans attendre - de ce terreau surgirent des fleurs.

Magnifiques. Colorées. Vivantes.

Des roses, des tulipes, des marguerites, des lys. Un jardin instantané. Partout.

Une adolescente regarda son Cube se fissurer dans sa main. Des pétales roses jaillirent, chatouillant ses doigts. Elle rit - pour la première fois depuis des mois.

Un homme d'affaires vit le sien se transformer en bouquet de violettes. Il resta bouche bée, puis sourit malgré lui.

Des enfants regardèrent leur Cube devenir un jardin miniature. Ils applaudirent, émerveillés.

Dans les rues, d'immenses Cubes noirs éclatèrent en cascades de fleurs qui tombèrent comme une pluie parfumée.

Les gens levèrent les yeux.

Et pour la première fois depuis longtemps, ils se virent.

Vraiment.

Certains pleurèrent - réalisant le temps perdu, les moments manqués, les connexions oubliées.

D'autres rirent - émerveillés par la beauté, par la liberté, par la légèreté soudaine.

Ils se parlèrent. Se touchèrent. Se reconnectèrent.

Les fleurs étaient partout. Le monde entier était devenu un jardin.

Et dans leurs cœurs, la bonté revenait. L'empathie. La solidarité. L'amour.

Chapitre 7 : Le Joyau renaît

Au Pôle Nord, le Joyau de Noël explosa de lumière.

Plus brillant que jamais. Éclatant. Radieux.

Toute cette bonté qui revenait dans le monde - toutes ces reconnexions, ces sourires, ces larmes de joie, ces gestes d'amour - tout ça nourrissait le Joyau.

Il pulsait, vivant, vibrant de mille couleurs.

Les mécanismes de l'atelier se remirent à tourner, joyeux et rapides.

Les jouets se fabriquaient. Les listes se complétaient. Les rennes hennissaient gaiement.

Les lutins dansaient en chantant.

Le Père Noël sourit, une larme de soulagement sur la joue.

"Noël est sauvé," murmura-t-il.

Chapitre 8 : Les adieux

Rudolph et le Père Noël se tenaient sur la colline, regardant la barque qui revenait.

La licorne descendit, majestueuse et gracieuse.

Elle s'approcha de Rudolph. Avec sa magie télépathique, elle envoya une pensée à son fils :

Je suis fière de toi.

Rudolph sentit ces mots résonner dans son cœur. Son nez rouge brilla plus fort, comme une réponse lumineuse.

La licorne se tourna vers le Père Noël. Son regard sage le contempla avec tendresse.

"Prenez soin de lui," dit-elle. "Il est très précieux."

Le Père Noël hocha la tête, ému. Il posa une main sur l'encolure soyeuse de la licorne.

"Je te remercie," dit-il, la voix tremblante. "Pour tout. Pour le Joyau. Pour Rudolph. Pour ton amitié. Je ne t'oublierai jamais."

La licorne tourna sa tête vers la maison du Père Noël, vers le bureau où trônait au-dessus de la cheminée un portrait.

Un magnifique portrait d'une licorne blanche, majestueuse, lumineuse. Celui que le Père Noël avait fait peindre il y a si longtemps, pour ne jamais l'oublier.

Elle sourit - un sourire qui sembla remplir tout le Pôle Nord de lumière.

"Je serai toujours près de vous."

Et alors, avec une grâce unique - cette élégance que seule une licorne possède - elle s'éleva.

Ses sabots quittèrent le sol.

Et là où chaque sabot touchait l'air, une aurore boréale naissait.

Des rubans de lumière verte, rose, violette ondulaient et dansaient sous ses pas. Comme si le ciel lui-même célébrait son passage. Comme si elle peignait le monde de sa magie en partant.

Elle s'envola, légère comme un flocon de neige, brillante comme une étoile, créant un chemin lumineux dans le ciel du Pôle Nord.

Mais à peine née, chaque aurore disparaissait derrière elle. Éphémère. Fugace. Belle précisément parce qu'elle ne durait pas.

Un cadeau. Un au revoir. Une promesse que la magie existe, même si on ne peut la retenir.

Elle traversa le ciel, laissant derrière elle cette traînée d'aurores qui naissaient et mouraient, naissaient et mouraient - comme des battements de cœur lumineux.

Puis elle disparut, traversant le voile entre les mondes, retournant dans son royaume magique.

Le ciel redevint calme.

Le Père Noël et Rudolph restèrent là, silencieux, gardant dans leurs yeux l'empreinte de ces lumières dansantes.

"Elle sera toujours près de nous," murmura le Père Noël.

Rudolph s'approcha de son père adoptif. Le Père Noël posa une main sur sa tête, entre ses bois.

"Elle a raison, tu sais. Tu es très précieux."

Le nez rouge de Rudolph brilla doucement dans le crépuscule.

Il était le dernier lien entre deux mondes. Mi-renne, mi-licorne. Terrestre et magique.

Il portait en lui l'héritage de deux êtres purs - sa mère la licorne, et les rennes fidèles du Père Noël.

Et maintenant, il comprenait pourquoi il était différent. Pourquoi il pouvait voler. Pourquoi son nez brillait.

Il était né de l'amour. Et l'amour, c'était la plus puissante des magies.

Épilogue

Cette année-là, Noël fut le plus beau qu'on ait jamais connu.

Les gens s'étaient réveillés. Ils avaient redécouvert la connexion, l'empathie, l'amour.

Les fleurs qui avaient jailli des Cubes noirs continuèrent de pousser, embellissant le monde.

Et dans le bureau du Père Noël, le Joyau de Noël brillait plus fort que jamais, nourri par toute cette bonté retrouvée.

Au-dessus de la cheminée, le portrait de la licorne semblait sourire.

Et parfois, quand le vent soufflait juste comme il fallait, des aurores boréales dansaient dans le ciel du Pôle Nord.

Comme un rappel.

Qu'elle était toujours là. Toujours près d'eux.

Que la magie existait.

Et que l'amour, toujours, triomphait.

FIN

Morale de l'histoire : La vraie connexion ne vient pas d'un objet, mais du cœur. La magie de Noël naît de chaque geste de bonté, de chaque acte de solidarité, de chaque élan d'amour. Et même dans la plus grande obscurité, la lumière peut revenir - si on accepte de tendre la main.

© Ninie MAYOR 2025