11 décembre 2025
K comme Korrigans - La Danse de Noël
Prologue : Les anciennes traditions
On raconte que le soir de Noël, il fallait mettre une bûche dans la cheminée. Pas seulement pour se réchauffer. Non. C'était pour se protéger.
Car le soir de Noël, à minuit précis, le portail magique s'ouvre.
Et si la cheminée n'est pas protégée par le feu d'une bûche qui brûle... les êtres magiques peuvent entrer.
Les anciens le savaient. Ils respectaient cette tradition. Ils prenaient leurs précautions.
Mais à notre époque, les cheminées sont plus devenues de la décoration qu'autre chose. On y préfère maintenant l'électricité et le solaire. C'est plus propre. Plus moderne. Plus intelligent.
Nous sommes loin des excentricités de l'époque où ils croyaient à tous pleins de balivernes.
Non qu'il n'y ait plus de balivernes.
Les balivernes ont juste pris une toute autre forme.
Chapitre 1 : Un Noël pas comme les autres
24 décembre, 17h00
Thomas, douze ans, regardait par la fenêtre de la voiture. La neige tombait doucement sur les routes de campagne. À côté de lui, sa sœur Maia, huit ans, fredonnait une chanson de Noël. Et sur le siège avant, leur petite sœur Léonie, six ans, serrait contre elle son doudou lapin.
"On arrive bientôt chez Tante Margaux ?" demanda Léonie d'une petite voix.
Le chauffeur de taxi hocha la tête. "Encore dix minutes, ma puce."
Thomas soupira. Ce n'était pas comme ça que Noël était censé se passer. Ils auraient dû être à la maison, avec leurs parents, devant le sapin, à déballer les cadeaux et à rire ensemble.
Mais leurs parents étaient partis en voyage d'affaires trois jours plus tôt. Ils devaient revenir hier. Mais il y avait eu des intempéries. Des routes bloquées. Plus de nouvelles depuis ce matin.
"Ne vous inquiétez pas," avait dit Tante Margaux au téléphone. "Ils vont bien. Les lignes sont juste coupées à cause de la tempête. Venez chez moi pour Noël. Je m'occupe de vous."
Thomas n'était pas rassuré. Maia essayait de rester joyeux. Et Léonie ne comprenait pas vraiment ce qui se passait.
18h00
La maison de Tante Margaux était impressionnante. Ultra-moderne, tout en verre et en acier, perchée sur une colline avec vue sur la vallée. À l'intérieur, tout était design, épuré, parfait.
Tante Margaux elle-même était impressionnante. Grande, élégante, vêtue d'un tailleur impeccable même un soir de réveillon. Elle les accueillit avec un sourire poli.
"Entrez, entrez. Posez vos affaires là-bas. J'ai préparé vos chambres à l'étage."
Elle n'était pas méchante, Tante Margaux. Juste... distante. Occupée. Toujours un téléphone à la main, toujours un dossier à terminer.
"Tata," commença Maia timidement, "tu crois que le Père Noël va venir cette nuit ?"
Tante Margaux leva les yeux de son téléphone, surprise.
"Le Père Noël ? Ma chérie, tu as huit ans. Tu es assez grande pour savoir que..." Elle s'arrêta, vit les yeux de Léonie fixés sur elle, pleins d'espoir. "Enfin... peut-être. On verra."
Elle retourna à son téléphone.
Thomas serra les dents. Maia baissa les yeux. Léonie serra plus fort son doudou.
19h30
Le dîner fut... étrange.
Tante Margaux avait commandé de la nourriture d'un restaurant chic. Tout était délicieux, mais froid - pas au sens de la température, mais au sens de l'atmosphère.
Elle répondait à ses emails entre deux bouchées. Elle hochait la tête quand les enfants parlaient, mais n'écoutait pas vraiment.
Thomas essayait de faire la conversation. "Tante Margaux, tu te souviens quand Maman était petite, elle te racontait des histoires sur Noël ?"
"Hmm ? Ah oui, peut-être. Ta mère a toujours eu beaucoup d'imagination."
Elle le dit comme si c'était un défaut.
"Grand-mère nous racontait," continua Thomas, "qu'autrefois, il fallait mettre une bûche dans la cheminée le soir de Noël. Pour empêcher les créatures magiques d'entrer."
Tante Margaux rit - un petit rire poli et condescendant.
"Grand-mère et ses vieilles superstitions. Les gens étaient tellement naïfs autrefois. Ils croyaient à toutes sortes de balivernes. Les fées, les lutins, les esprits... Tout ça parce qu'ils ne comprenaient pas le monde."
"Mais..." commença Maia.
"Aujourd'hui, nous savons mieux. La science. La raison. La logique. C'est ça qui compte. Pas les contes de fées."
Elle regarda les trois enfants avec un sourire qui se voulait rassurant.
"Quand vous serez adultes, vous comprendrez. Les adultes savent que le monde fonctionne différemment. Pas de magie. Juste du travail, de l'intelligence, du concret."
Thomas sentit quelque chose se serrer dans sa poitrine. Maia baissa les yeux sur son assiette. Léonie murmura :
"Moi, je crois quand même au Père Noël."
20h30
Après le dîner, Tante Margaux les installa au salon.
"Regardez la télévision si vous voulez. Moi, j'ai un dossier urgent à finir. Je serai dans mon bureau."
Le salon était magnifique. Canapé en cuir blanc, télévision géante, lumières LED qui changeaient de couleur.
Et au centre du mur, la cheminée.
Elle était spectaculaire. En pierre naturelle, design épuré, foyer ouvert. Mais elle n'avait jamais servi. C'était purement décoratif.
À l'intérieur du foyer, Tante Margaux avait disposé des bougies LED. Elles clignotaient doucement, imitant des flammes.
"Pas de vraie bûche," murmura Thomas en regardant la cheminée.
"Tu crois vraiment à ce que Grand-mère racontait ?" demanda Maia.
Thomas haussa les épaules. À douze ans, il commençait à douter de beaucoup de choses. Mais quelque chose dans cette histoire le troublait.
"Je ne sais pas. Peut-être. Les vieilles histoires ont souvent un fond de vérité."
Léonie s'approcha de la cheminée, fascinée par les fausses bougies.
"C'est joli. Mais c'est pas pareil qu'un vrai feu."
Les trois enfants restèrent là, silencieux, à regarder les flammes artificielles.
Quelque part, une horloge sonna neuf heures.
21h00
"Au lit, les enfants," appela Tante Margaux depuis son bureau.
Thomas, Maia et Léonie montèrent à l'étage. Leurs chambres étaient jolies mais impersonnelles. Comme des chambres d'hôtel.
Dans le couloir, avant d'aller se coucher, Thomas réunit ses deux sœurs.
"On ne s'inquiète pas pour Papa et Maman, d'accord ? Ils vont bien. C'est juste la tempête."
"Tu en es sûr ?" demanda Maia, les yeux brillants.
"J'en suis sûr."
Il ne l'était pas vraiment. Mais il était l'aîné. C'était son rôle de rassurer.
"Et le Père Noël ?" demanda Léonie. "Il va venir quand même ?"
Thomas hésita. "Je... je pense que oui. Même si on n'est pas à la maison."
Maia regarda ses deux frère et sœur. "Tante Margaux a tort, vous savez. La magie existe. Je le sens."
Thomas voulut répondre quelque chose de raisonnable, d'adulte. Mais il se retint. Au fond, il espérait qu'elle avait raison.
23h55
Thomas ne dormait pas. Il entendait Tante Margaux en bas, toujours au téléphone, toujours en train de travailler. Même le soir de Noël.
Il descendit silencieusement les escaliers, voulant boire un verre d'eau.
En passant devant le salon, il vit Tante Margaux assise sur le canapé, son ordinateur portable sur les genoux, ses lunettes sur le nez, complètement absorbée par ses dossiers.
Elle ne leva même pas les yeux quand il passa.
Thomas alla à la cuisine, but son verre d'eau, et s'apprêtait à remonter quand il entendit l'horloge du salon commencer à sonner.
DONG.
Minuit.
DONG.
La veille de Noël devenait officiellement le jour de Noël.
DONG.
Thomas s'arrêta au pied de l'escalier, écoutant.
DONG... DONG... DONG...
Et au douzième coup...
Quelque chose changea.
Chapitre 2 : Le portail s'ouvre
L'air devint plus épais. Plus lourd. Comme chargé d'électricité statique.
Thomas sentit ses cheveux se dresser sur sa nuque.
Dans le salon, les bougies LED se mirent à vaciller - chose impossible pour des LED.
Tante Margaux leva enfin les yeux de son ordinateur, fronçant les sourcils.
"Qu'est-ce que...?"
La cheminée se mit à trembler.
Pas un tremblement de terre. Juste la cheminée. Les pierres vibraient, un son sourd et profond résonnait.
Thomas courut au salon. "Tante Margaux !"
Elle se leva, confuse. "C'est... c'est quoi ça ? Un problème électrique ?"
Mais l'électricité n'expliquait pas ce qui se passait.
Dans le foyer de la cheminée, entre les bougies LED, une lumière verte commença à briller.
Pas une lumière normale. Quelque chose d'ancien. De sauvage. De magique.
"C'est impossible," murmura Tante Margaux, reculant. "C'est... c'est scientifiquement impossible."
La lumière verte grandit, s'intensifia, emplit tout le foyer comme un feu verdâtre.
Thomas sentit son cœur battre à tout rompre. Il savait. D'une façon ou d'une autre, il savait.
Grand-mère avait raison.
Et de la lumière verte émergèrent des silhouettes.
Petites. Pas plus hautes qu'un enfant de cinq ans. Mais ce n'étaient pas des enfants.
Ils avaient des visages ridés, malicieux, avec des yeux pétillants de malice. Leurs vêtements étaient étranges - verts, bruns, faits de mousse et de feuilles et de tissu ancien. Des chapeaux pointus sur leurs têtes. Des pieds nus ou chaussés de souliers recourbés.
Et ils riaient.
Un rire cristallin, moqueur, qui résonnait dans tout le salon comme des clochettes.
Les Korrigans.
"Bonsoir, bonsoir !" chanta l'un d'eux d'une voix aiguë et chantante. "Quelle belle soirée pour une visite !"
"Une cheminée sans bûche !" s'exclama un autre en battant des mains. "Comme c'est pratique pour nous !"
"Qu'est-ce que... qui êtes-vous ?" balbutia Tante Margaux, le visage pâle.
Les Korrigans éclatèrent de rire.
"Qui nous sommes ? Qui nous sommes ?" répéta celui qui semblait être le chef - plus grand que les autres, avec un chapeau plus pointu et des yeux encore plus malicieux. "Nous sommes ceux dont vous avez oublié l'existence ! Ceux que vous appelez 'balivernes' !"
Il fit une révérence moqueuse.
"Nous sommes les Korrigans. Et nous sommes venus... danser !"
À ce mot, une musique commença à jouer. Elle ne venait de nulle part et de partout à la fois. Des flûtes, des tambourins, des violons invisibles. Une mélodie entraînante, irrésistible, qui donnait envie de bouger.
"Mais... mais vous n'existez pas," dit Tante Margaux, tremblante. "Vous êtes... vous êtes une hallucination. J'ai trop travaillé. Je suis fatiguée."
Le Chef des Korrigans s'approcha d'elle, souriant largement.
"Oh, nous existons, ma chère dame. Et vous, vous êtes exactement le genre de personne que nous adorons rencontrer."
"Moi ?"
"Oui ! Vous qui ne croyez en rien. Vous qui pensez tout savoir. Vous qui vous croyez si intelligente, si supérieure !"
Il éclata de rire.
"Vous allez voir ce que c'est, d'être humble !"
Thomas, pétrifié au bas de l'escalier, vit les Korrigans encercler Tante Margaux.
La musique devint plus forte, plus insistante.
Et malgré elle, Tante Margaux se mit à bouger.
D'abord juste un pied qui tapait le rythme. Puis l'autre. Puis ses hanches qui se balançaient.
"Non... non, je ne veux pas..." murmura-t-elle.
Mais la musique était trop forte. Trop envoûtante.
Elle se mit à danser.
"TANTE MARGAUX !" cria Thomas.
Il voulut courir vers elle, mais un Korrigan lui barra le chemin.
"Ah ah ah ! Pas si vite, petit humain ! Le spectacle ne fait que commencer !"
À l'étage, Maia et Léonie apparurent, réveillées par le bruit.
"Thomas ? Qu'est-ce qui se passe ?" appela Maia.
"Restez là-haut !" cria Thomas.
Mais il était trop tard. Les petites avaient déjà descendu la moitié de l'escalier et voyaient le salon.
Les Korrigans. La lumière verte. Tante Margaux qui dansait, le visage à la fois horrifié et transporté.
Léonie serra son doudou lapin. "C'est qui, eux ?"
"Des Korrigans," murmura Maia, les yeux écarquillés. "Comme dans les histoires de Grand-mère."
Soudain, les fenêtres du salon s'ouvrirent en grand.
Un vent froid entra, faisant voler les papiers de Tante Margaux.
Et la musique se répandit dehors.
Dans les maisons voisines, des lumières s'allumèrent. Des portes s'ouvrirent.
Et d'autres adultes sortirent - d'abord hésitants, puis de plus en plus vite, attirés par la musique irrésistible.
Un homme en pyjama. Une femme en robe de chambre. Un couple âgé. Un jeune homme qui revenait d'une soirée.
Tous commencèrent à danser.
"Plus on est de fous, plus on rit !" chanta le Chef des Korrigans. "C'est la fête, après tout !"
Et effectivement, plus il y avait de monde, plus les Korrigans riaient.
Une farandole se forma dans la rue. Les adultes, envoûtés, se tenaient par la main et dansaient en file, suivant les Korrigans qui menaient la danse.
Tante Margaux, emportée par le mouvement, rejoignit la farandole.
"TANTE MARGAUX !" cria Maia, courant vers la porte.
Thomas la rattrapa. "Attends ! On ne sait pas ce qui va se passer !"
"On doit la sauver !" protesta Maia.
"Je sais ! Mais il faut réfléchir !"
Léonie, les larmes aux yeux, murmura : "Tata... reviens..."
Chapitre 3 : La procession vers la grotte
La farandole dansa à travers les rues du village.
Thomas, Maia et Léonie suivirent à distance, se cachant derrière les arbres et les voitures.
Il y avait maintenant des dizaines d'adultes dans la procession. Tous dansaient, tous souriaient - mais leurs sourires étaient étranges. Vides. Comme s'ils n'étaient plus vraiment eux-mêmes.
La musique continuait, entraînante et cruelle.
Et les Korrigans riaient, riaient, riaient.
La procession quitta le village et s'enfonça dans la forêt.
"Où est-ce qu'ils les emmènent ?" murmura Maia, grelottant dans le froid.
Thomas serra sa veste autour de lui. "Je ne sais pas. Mais on doit continuer à les suivre."
Léonie, épuisée, commençait à traîner les pieds. Thomas la prit sur son dos.
"Accroche-toi, Léo."
Ils marchèrent pendant ce qui sembla des heures - mais peut-être n'était-ce que quelques minutes. Le temps semblait étrange, dilaté.
Et puis, au fond de la forêt, ils virent une grotte.
Immense. Sombre. Avec une entrée béante qui semblait avaler la lumière.
La farandole y entra.
Thomas, Maia et Léonie s'approchèrent prudemment de l'entrée de la grotte.
À l'intérieur, ils virent quelque chose d'incroyable.
Un immense espace circulaire, éclairé par des milliers de champignons lumineux. Au centre, un grand cercle tracé dans le sol.
Et autour du cercle... des milliers d'adultes.
Tous dansant.
Certains semblaient être là depuis longtemps - leurs vêtements étaient démodés, usés. D'autres venaient visiblement d'arriver.
"Il y en a tellement..." murmura Maia, horrifiée.
Thomas regardait, bouche bée. "Depuis combien de temps les Korrigans font-ils ça ?"
Au centre du cercle, quelque chose brillait.
Les adultes, un par un, s'approchaient du centre. Et chacun portait quelque chose.
Un joyau.
Thomas plissa les yeux. D'où venaient ces joyaux ? Les adultes ne les avaient pas en arrivant...
Et puis il comprit.
Les joyaux apparaissaient d'eux-mêmes. Comme s'ils émergeaient du cœur de chaque adulte. Certains étaient brillants, d'autres ternes. Certains grands, d'autres petits. Tous différents.
"Qu'est-ce que c'est ?" murmura Maia.
Thomas secoua la tête. "Je ne sais pas. Peut-être... peut-être leur essence ? Ce qui fait d'eux des adultes ?"
Chaque adulte déposait son joyau au centre du cercle. Et le tas de joyaux grandissait, brillant d'une lumière étrange.
Puis, une fois leur joyau déposé, les adultes étaient emmenés.
Des Korrigans les guidaient vers une autre partie de la grotte - un labyrinthe sombre et tortueux.
Thomas, Maia et Léonie, cachés derrière un rocher, virent Tante Margaux déposer son joyau - une pierre bleue, froide, parfaitement géométrique - puis être emmenée vers le labyrinthe.
"On doit la suivre," murmura Thomas.
Ils rampèrent le long des parois de la grotte, se cachant dans les ombres.
Dans le labyrinthe, les adultes étaient conduits vers de petites cellules.
Dans chaque cellule, une table. Et sur chaque table, de la nourriture.
Des fruits scintillants. Du pain doré. Des gâteaux qui semblaient délicieux.
Mais Thomas sentit immédiatement que quelque chose n'allait pas.
"Ne mangez pas !" cria-t-il impulsivement.
Mais sa voix se perdit dans le brouhaha. Les adultes, toujours envoûtés, commençaient déjà à manger.
Et dès qu'ils avalaient la première bouchée...
Leurs yeux changeaient.
Devenaient plus vides. Plus enfantins. Mais pas d'une bonne façon.
"Oh non," murmura Thomas, réalisant. "La nourriture ensorcelée. C'est comme... comme dans le mythe de Perséphone. Ou dans les contes de fées. Si tu manges la nourriture des fées, tu oublies qui tu es."
Maia le regarda, paniquée. "Comment tu sais ça ?"
"J'ai lu beaucoup de livres sur les mythes et légendes. C'est toujours la même règle : ne jamais manger la nourriture de l'autre monde."
Il regarda Tante Margaux, qui venait de prendre un fruit scintillant.
"Il faut agir très vite avant qu'ils aient tout oublié !"
Chapitre 4 : La danse de sauvetage
Thomas se tourna vers ses sœurs. "On doit la sortir de là. Maintenant."
"Mais comment ?" demanda Maia.
"Je ne sais pas encore. Mais on doit essayer."
Ils se faufilèrent dans le labyrinthe, évitant les Korrigans qui patrouillaient.
Ils trouvèrent la cellule de Tante Margaux.
Elle était assise à la table, le fruit à la main, sur le point de mordre dedans.
"TANTE MARGAUX !" cria Maia.
Tante Margaux leva les yeux. Ses yeux étaient vitreux, lointains. Elle ne les reconnaissait pas vraiment.
"Qui... qui êtes-vous ?" murmura-t-elle.
"C'est nous ! Thomas, Maia et Léonie ! Tes neveux et nièce !"
"Neveux... nièce..." Elle fronça les sourcils, comme si elle essayait de se souvenir. "Je ne... je ne me souviens pas..."
"Ne mange pas le fruit !" cria Thomas. "S'il te plaît, ne le mange pas !"
Mais la main de Tante Margaux se levait déjà vers sa bouche.
"On doit la faire danser !" dit soudain Maia.
"Quoi ?" Thomas la regarda, confus.
"C'est par la danse qu'ils les ont envoûtés ! Peut-être qu'on peut briser l'envoûtement de la même façon !"
Ça semblait fou. Mais c'était la seule idée qu'ils avaient.
Thomas ouvrit la porte de la cellule. "Tante Margaux, viens. Viens danser avec nous."
Elle le regarda, hébétée. Mais quand Maia lui prit la main et commença à bouger, elle suivit, comme une marionnette.
Ils l'emmenèrent hors du labyrinthe, dans un coin plus ouvert de la grotte.
Et là, les trois enfants commencèrent à danser.
Pas une danse envoûtée. Pas une farandole hypnotique.
Une danse à eux. Une danse qu'ils connaissaient.
Thomas prit la main de Tante Margaux d'un côté. Maia de l'autre. Léonie se plaça devant elle.
Et ils dansèrent.
Au début, c'était maladroit. Désynchronisé. Thomas essayait de diriger, Maia improvisait, Léonie sautillait.
Mais petit à petit...
Quelque chose se passa.
Leurs mouvements commencèrent à s'harmoniser.
Thomas sentait les pas de Maia. Maia anticipait les mouvements de Thomas. Léonie suivait leur rythme.
Et Tante Margaux, au centre, commençait à revenir à elle.
Pour la première fois de leur vie, les trois enfants étaient en parfaite synchronie.
Pas parce qu'ils s'étaient entraînés.
Pas parce que quelqu'un les dirigeait.
Mais parce qu'ils étaient ensemble. Unis par l'amour de leur tante. Par la peur de la perdre. Par le désir de la sauver.
Tante Margaux cligna des yeux. Les larmes coulèrent sur ses joues.
"Thomas... Maia... Léonie..." murmura-t-elle. "Mes enfants... vous êtes là..."
"On est là, Tata," dit Maia en souriant à travers ses propres larmes. "On est là."
Mais soudain, un rire résonna.
Les Korrigans les avaient trouvés.
Le Chef s'avança, les bras croisés, un sourire moqueur sur les lèvres.
"Ah ! Trois petits humains qui pensent pouvoir défaire notre magie ! Comme c'est touchant !"
Il claqua des doigts.
D'autres Korrigans apparurent, encerclant les enfants et Tante Margaux.
"Vous êtes courageux, je vous l'accorde. Mais vous ne pouvez pas gagner. Votre tante est à nous. Comme tous les autres."
Thomas se plaça devant ses sœurs, protecteur. "Laissez-la partir. Laissez-les tous partir."
Le Chef éclata de rire. "Et pourquoi ferais-je ça ?"
Et c'est là que Maia fit quelque chose d'inattendu.
Elle s'avança, le menton levé, les yeux brillants de détermination.
"Je vous lance un défi."
Le Chef arrêta de rire. Il pencha la tête, intrigué.
"Un défi ? Toi ? Une petite fille de huit ans ?"
"Oui. Un concours de danse. Entre vous et moi."
Le silence tomba dans la grotte.
Thomas murmura : "Maia, qu'est-ce que tu fais ?"
Mais Maia ne le regarda pas. Elle fixait le Chef des Korrigans.
"Si je gagne, vous libérez tous les adultes."
Le Chef des Korrigans sourit largement. Il adorait les défis. Parce qu'il gagnait toujours.
"Tous les adultes ? Cela fait des siècles que nous les collectons ! Tu es ambitieuse, petite humaine !"
"Et je veux quelque chose de plus."
Le Chef haussa un sourcil. "De plus ? Quelle audace !"
"Vous pouvez effacer les souvenirs, n'est-ce pas ?"
"Évidemment."
"Alors vous pouvez aussi en créer. Ou les raviver."
Le Chef plissa les yeux, intéressé. "Continue."
"Si je gagne, en plus de libérer les adultes... je veux que vous leur rappeliez ce que c'est d'être un enfant. L'imagination. Le moment présent. La magie de Noël."
Un murmure parcourut l'assemblée des Korrigans.
Le Chef la regarda longuement. Puis il éclata de rire - mais pas un rire moqueur cette fois. Un rire d'admiration.
"Ah ! Enfin un humain qui comprend ! Tu ne veux pas juste les sauver. Tu veux les transformer !"
Il fit une révérence moqueuse.
"J'accepte ton défi, petite Maia. Mais attention : si tu perds, tu rejoins les adultes. Pour toujours."
Maia déglutit. Mais elle hocha la tête.
"J'accepte."
Chapitre 5 : Le duel de danse
L'espace au centre de la grotte fut dégagé.
Les Korrigans formèrent un cercle. Les adultes envoûtés s'arrêtèrent de danser et se tournèrent pour regarder.
Thomas prit la main de Maia. "Tu es sûre de toi ?"
"Non," admit Maia. "Mais je dois essayer."
Léonie serra
. "Tu vas gagner, Maia. Je le sais."
Le Chef des Korrigans se plaça au centre du cercle. Il fit craquer ses doigts, roula ses épaules.
"Les règles sont simples," annonça-t-il. "Nous dansons. Le meilleur danseur gagne. Mais attention : celui qui tombe est éliminé. Et aucune pause n'est autorisée. On danse jusqu'à ce que l'un de nous abandonne."
Maia hocha la tête. "D'accord."
"Oh, et encore une chose," ajouta le Chef avec un sourire malicieux. "On ne peut pas faire de pas en arrière. On doit toujours avancer tout droit. Et toujours dans le sens des aiguilles d'une montre."
Thomas fronça les sourcils. C'était une règle étrange. Mais c'était le jeu des Korrigans.
"Je suis prêt," dit le Chef. "Et toi, petite humaine ?"
Maia prit une grande inspiration. "Je suis prête."
La musique commença.
Mais ce n'était pas la musique des Korrigans cette fois.
C'était la musique de Maia.
K-POP.
Les Korrigans échangèrent des regards surpris. C'était moderne, énergique, explosif - si différent de leurs danses anciennes.
Le Chef des Korrigans cligna des yeux, déstabilisé une seconde.
Puis il sourit. "Intéressant. Très bien ! Voyons ce que tu as dans le ventre !"
Et la danse commença.
Maia bougea avec énergie, enchaînant les pas de danse K-POP qu'elle avait appris en regardant des vidéos. Mouvements vifs, précis, synchronisés avec la musique.
Le Chef des Korrigans, après un moment d'hésitation, suivit. Et il était bon.
Très bon.
Il dansait depuis des siècles. Il connaissait mille danses. Et il s'adaptait rapidement.
Bientôt, il rattrapait Maia. Puis la dépassait.
Ses mouvements étaient fluides, impossibles. Il tournoyait, sautait, glissait comme si la gravité ne le concernait pas.
Maia commençait à transpirer. À s'essouffler.
"Tiens bon, Maia !" cria Thomas depuis le bord du cercle.
Les minutes passèrent.
Cinq minutes. Dix. Quinze.
Maia fatiguait. Ses jambes tremblaient. Sa respiration était haletante.
Le Chef des Korrigans, lui, semblait infatigable. Il dansait avec le même sourire confiant.
"Tu abandonnes, petite humaine ?" demanda-t-il, narquois.
Maia secoua la tête, même si elle avait envie de s'effondrer.
Et c'est là que Thomas se souvint de quelque chose.
"Maia !" cria-t-il. "La règle ! Tu ne peux pas faire de pas en arrière ! Mais..."
Maia le regarda, confuse.
Et Thomas sourit. "Mais tu peux avancer... en reculant !"
Maia comprit immédiatement.
Elle se retourna. Et elle commença à faire le moonwalk de Michael Jackson.
Elle avançait... tout en reculant.
Respectant techniquement la règle. Mais la contournant complètement.
Les Korrigans écarquillèrent les yeux.
Le Chef des Korrigans s'arrêta une seconde, déstabilisé.
"Qu'est-ce que... ?"
Et dans sa confusion, il commit une erreur.
Il fit un pas en arrière.
"NON !" cria-t-il, réalisant.
Mais c'était trop tard. Il avait brisé sa propre règle.
Paniqué, il se mit à tourner en rond. De plus en plus vite. Si vite qu'il créa un tourbillon de poussière autour de lui.
Maia s'arrêta de danser, haletante, regardant le tourbillon.
Elle venait de comprendre quelque chose.
"Les règles le piègent," murmura-t-elle. "Si je trouve d'autres façons de contourner les règles... je peux le désorienter complètement."
Elle se tourna vers Thomas et Léonie.
"Venez ! On fait la grande roue !"
"Quoi ?" Thomas la regarda, confus.
"La grande roue ! Comme on s'entraîne à faire dans le jardin ! Tous les trois ensemble !"
Thomas comprit. Il courut vers Maia. Léonie les rejoignit.
Les trois enfants se placèrent côte à côte, se tenant par les bras.
Et ils commencèrent à rouler.
D'abord à l'endroit. Leurs corps formaient une roue qui tournait, avançant dans le cercle.
Le Chef des Korrigans, sortant de son tourbillon, les regarda avec horreur.
"C'est... c'est impossible ! Comment...?"
Puis Maia cria : "Maintenant, à l'envers !"
Et la roue d'enfants se mit à rouler à l'envers.
Le Chef des Korrigans, complètement désarçonné par ces mouvements impossibles, ces règles contournées, ces enfants qui dansaient ensemble avec une synchronie parfaite...
Prit peur.
Et il s'enfuit.
Il courut hors du cercle, disparut dans les ombres de la grotte.
Un silence tomba.
Puis un des Korrigans cria : "Le Chef a fui ! La petite humaine a gagné !"
Et tous les Korrigans éclatèrent de rire - pas de moquerie cette fois, mais de joie, d'admiration, de respect.
Chapitre 6 : La libération
Au moment où le Chef des Korrigans s'enfuit, quelque chose se passa.
Les adultes dans la grotte clignèrent des yeux.
La brume qui couvrait leurs regards se dissipa.
Ils regardèrent autour d'eux, confus, comme s'ils se réveillaient d'un long rêve.
"Où... où sommes-nous ?" murmura quelqu'un.
"Qu'est-ce qui s'est passé ?"
"Comment sommes-nous arrivés ici ?"
Tante Margaux cligna des yeux. Elle regarda Thomas, Maia et Léonie.
Et pour la première fois depuis que les enfants la connaissaient...
Elle sourit.
Pas un sourire poli. Pas un sourire distant.
Un vrai sourire. Chaleureux. Plein de vie.
"Mes enfants," murmura-t-elle. "Mes merveilleux enfants. Vous... vous m'avez sauvée."
Elle tomba à genoux et les serra dans ses bras. Fort. Tellement fort que les enfants pouvaient à peine respirer.
Et elle les couvrit de bisous.
"Je suis désolée," sanglota-t-elle. "Je suis tellement désolée. J'étais... j'étais tellement perdue. Je ne voyais plus rien. Je ne sentais plus rien. Mais vous... vous m'avez ramenée."
Maia serra Tante Margaux. "On t'aime, Tata."
"Je vous aime aussi. Tellement."
Autour d'eux, les autres adultes se réveillaient aussi.
Mais quelque chose avait changé en eux.
Ils souriaient. Riaient. Se prenaient dans les bras.
Ils regardaient autour d'eux avec émerveillement, comme s'ils voyaient le monde pour la première fois.
"C'est... c'est magnifique," murmura un homme en regardant les champignons lumineux.
"J'avais oublié," dit une femme, les larmes aux yeux. "J'avais oublié à quel point le monde était beau."
Un Korrigan - pas le Chef, un autre, plus petit, avec des yeux doux - s'approcha des trois enfants.
"Vous avez gagné équitablement," dit-il. "Et nous respectons notre parole."
Il fit un geste vers le centre du cercle, où brillaient toujours les milliers de joyaux.
"Prenez les joyaux. Ils retrouveront leurs propriétaires."
Thomas s'approcha du tas de joyaux. Il prit celui de Tante Margaux - la pierre bleue et froide.
Mais quand il la toucha, elle changea.
Elle devint chaude. Lumineuse. Et des couleurs apparurent à l'intérieur - des arc-en-ciel, des étoiles, de la joie.
Tante Margaux tendit la main. Thomas lui donna le joyau.
Elle le serra contre son cœur. Et il disparut, réintégrant sa poitrine, retournant à sa place.
Le petit Korrigan sourit. "Le pacte est respecté. Les adultes sont libérés. Et nous leur avons rappelé."
"Rappelé quoi ?" demanda Maia.
"Ce que c'est d'être un enfant. L'imagination. Le moment présent. La capacité de s'émerveiller. Ils ne l'oublieront plus jamais."
Il fit une révérence.
"Vous êtes courageux, les enfants. Et vous nous avez appris quelque chose aussi."
"Quoi ?" demanda Léonie, curieuse.
"Qu'il y a des joyaux plus précieux que tous ceux que nous avons collectés." Il désigna les trois enfants. "L'amour. Le courage. L'unité. Voilà les vrais trésors."
Puis le Korrigan ajouta, avec un sourire mystérieux :
"Oh, et encore une chose. Vos parents."
Les trois enfants se raidirent.
"Nos parents ?" répéta Thomas, la voix tremblante.
"Ils vont bien. Ils sont en train d'arriver. La route s'est dégagée. Ils seront là d'ici quelques minutes."
Maia poussa un cri de joie. Léonie se mit à sauter. Thomas sentit les larmes lui monter aux yeux.
"Vraiment ? Ils vont bien ?"
"Vraiment. Rentrez chez vous. Ils vous attendent."
Chapitre 7 : Le retour
Les adultes sortirent de la grotte comme des somnambules émerveillés.
La nuit était encore noire, mais l'aube approchait.
Ils marchèrent à travers la forêt, guidés par les Korrigans qui, pour une fois, étaient silencieux et respectueux.
Quand ils atteignirent le village, les Korrigans s'arrêtèrent à la lisière de la forêt.
Le petit Korrigan fit un dernier signe de la main aux enfants.
"Joyeux Noël, petits humains. Et n'oubliez jamais : la magie existe. Il suffit d'y croire."
Et dans un éclat de lumière verte, les Korrigans disparurent.
Tante Margaux, Thomas, Maia et Léonie coururent vers la maison.
Et là, devant la porte, une voiture venait de se garer.
Deux silhouettes en descendirent.
"MAMAN ! PAPA !" crièrent les trois enfants en chœur.
Ils se précipitèrent dans les bras de leurs parents, riant et pleurant en même temps.
"Mes bébés," sanglota leur mère. "On est tellement désolés. La tempête, les routes bloquées, le téléphone qui ne passait pas..."
"Vous allez bien ?" demanda leur père, les serrant fort. "Margaux a pris soin de vous ?"
Les trois enfants regardèrent Tante Margaux.
Elle se tenait un peu en retrait, les yeux brillants de larmes, un sourire sur les lèvres.
"Oui," dit Thomas. "Tante Margaux a été... parfaite."
Tante Margaux s'approcha. Elle serra sa sœur - la mère des enfants - dans ses bras.
"Je suis désolée," murmura-t-elle. "J'ai été... j'ai été tellement aveugle. Tellement perdue dans mon travail. Mais cette nuit... cette nuit, j'ai compris. Grâce à eux."
Elle regarda les trois enfants avec une tendresse infinie.
"Ils m'ont sauvée."
Ils rentrèrent tous dans la maison de Tante Margaux.
Le soleil se levait. C'était officiellement le matin de Noël.
Et dans le salon, quelque chose d'extraordinaire s'était passé.
Le sapin - qui n'existait pas la veille - trônait maintenant au centre de la pièce. Magnifique. Couvert de décorations scintillantes.
Et à son pied, des cadeaux.
"Le Père Noël est passé !" s'exclama Léonie, émerveillée.
Maia sourit. "Bien sûr qu'il est passé."
Ils passèrent la matinée ensemble.
Tante Margaux avait changé. Elle riait. Jouait avec les enfants. Racontait des histoires. Distribuait des bisous à tout bout de champ.
"Qu'est-ce qui t'est arrivé, Margaux ?" demanda sa sœur, stupéfaite par la transformation.
Tante Margaux regarda les trois enfants. "J'ai retrouvé ce que j'avais oublié. L'émerveillement. Le moment présent. La magie."
Elle sourit. "Et surtout, j'ai compris qu'il y a des choses plus importantes que le travail. Comme la famille. Comme l'amour."
Plus tard dans la journée, alors que les adultes préparaient le repas de Noël, Thomas monta dans sa chambre.
Sur son oreiller, il trouva quelque chose.
Une petite pierre. Verte. Brillante.
Un joyau de Korrigan.
Et attaché à la pierre, un petit mot :
"Pour te rappeler que la magie existe. Garde-le précieusement. - Les Korrigans"
Thomas sourit. Il serra la pierre dans sa main.
Puis il rejoignit sa famille en bas.
Épilogue
Cette année-là, Noël fut différent.
Non seulement pour Thomas, Maia, Léonie et Tante Margaux.
Mais pour tous les adultes qui avaient dansé avec les Korrigans.
Ils avaient changé. Ils souriaient plus. Jouaient plus avec leurs enfants. Prenaient le temps de s'émerveiller devant les petites choses.
Le village entier semblait plus lumineux. Plus joyeux. Plus vivant.
Et chaque année, la veille de Noël, Tante Margaux mettait une vraie bûche dans sa cheminée.
Pas par peur.
Mais par respect.
Et par reconnaissance.
Car elle se souvenait.
Elle se souvenait de la nuit où trois enfants courageux l'avaient sauvée.
Elle se souvenait de la danse.
Elle se souvenait que la magie existe.
Et parfois, quand le vent soufflait juste comme il fallait, on entendait au loin le son de petits rires cristallins.
Et on savait.
Les Korrigans veillaient toujours.
Prêts à rappeler aux adultes qui l'oubliaient...
Que l'enfance n'est pas un âge.
C'est un état d'esprit.
Et qu'il faut toujours, toujours, garder une place pour l'émerveillement.
FIN
Morale de l'histoire : Les adultes croient souvent tout savoir, mais ils ont parfois besoin qu'on leur rappelle ce qu'ils ont oublié : la capacité de s'émerveiller, d'imaginer, de vivre le moment présent. Et parfois, ce sont les enfants qui deviennent les professeurs. La vraie magie n'est pas dans les objets ou le travail, mais dans l'amour, l'unité et la joie simple d'être ensemble.




